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José BECKMANS, Baryton et metteur en scène belge, naturalisé français (1897-1987)


Portrait ¾ de buste, sépia dans Hamilcar (Salammbô), sans date.
Mécanicien-ajusteur de son métier, excellent trompettiste et amateur de musique, il découvre sa voix et entame des études musicales avec Joseph Delsemme au Conservatoire de Liège. Débuts au Kursaal de Liège en 1915 sous le pseudonyme de José de Nerval : il chante au Mondain ainsi qu’au Palace, deux music-halls fraîchement inaugurés. En 1916, il remporte haut la main un 1er prix de chant à l’unanimité (après avoir excellé dans l’épreuve de vocalise, lecture à vue et histoire de la musique.) Il est décidé qu’il poursuivra son perfectionnement au Conservatoire auprès du mezzo-soprano français Eugénie Armand-Coppine. Toujours en 1916, le baryton incarne son premier Escamillo (Carmen) au Théâtre des Nouveautés (Verviers) avec le mezzo-soprano belge Béatrice Andriani, suivi de Schaunard (La Bohème), avec quelques deuxièmes rôles au Pavillon Flore (Monterone dans Rigoletto), Zuniga (Carmen) et le Bailli (Werther), etc. Il y chante également Pigmalion (Galathée), puis François (Le Chemineau) : il remporte ainsi un franc succès. Il débute au Théâtre Royal de Liège en mai 1917 dans Méphistophélès (Faust) et les théâtres de Namur et Charleroi l’applaudissent dans ce même rôle. Le conflit mondial réduisant considérablement les possibilités d’engagement (le Théâtre Royal de la Monnaie ayant aussi provisoirement fermé ses portes), il accepte quelques deuxièmes rôles et parfois, des emplois de basse « en tous genres », comme au Théâtre Royal d’Ostende en 1919… José Beckmans, après s’être produit sur d’autres scènes de Belgique, commence une longue association artistique avec la France (Lille, Tourcoing, Montpellier, Nancy, etc.), succès qui le conduisent à l’Opéra Comique où il développe son répertoire (1925-1932.) On l’applaudit dans : Figaro (Les Noces de Figaro/Le Barbier de Séville), Balthazar (Le Cloître), Alfio (Cavalleria rusticana), le Conseiller Lindorf, le Docteur Miracle, Coppelius et le Capitaine Dapertutto (Les Contes d’Hoffmann), le Diable (Grisélidis), Ramón (La Habanera), Ramiro (L’Heure espagnole), Ourrias (Mireille), Golaud (Pelléas et Mélisande), Simonson (Résurrection), Tonio (Paillasse), Henri de Valois (Le Roi malgré lui), Karnac (Le Roi d’Ys), le Baron Scarpia (Tosca), Kurwenal (Tristan et Yseult), le Père (Louise), d’Orbel/Germont (La Traviata), etc.
Il poursuit son activité sur d’autres scènes lyriques françaises puis l’Opéra de Paris fait appel à lui, son directeur, le visionnaire Jacques Rouché ne pouvant se passer d’un tel talent. Il le recrute pour l’Opéra de Paris où, à l’instar d’autres solistes belges, il devient un pilier. Après une intense activité dans d’autres villes françaises, ainsi qu’à Monte-Carlo (Mandrika pour la création in loco de Arabella) et au Covent Garden, il fait son entrée au Palais Garnier dans le rôle-titre de Rigoletto (1934) : il y devient l’un des solistes les plus appréciés de sa génération, jusqu’en 1954. Dans cette salle, il chante le rôle-titre de Don Giovanni, Amonastro (Aida), Wolfram (Tannhäuser), Lord Ashton (Lucia di Lammermoor, Telramund (Lohengrin), Pizzaro (Fidelio), Sixtus Beckmesser (Les Maîtres chanteurs de Nürnberg), Rangoni puis le rôle-titre de Boris Godounov, le Grand Prêtre (Samson et Dalila), Chorèbe (Les Troyens), Thomas (Offrande à la liberté), Mercutio (Roméo et Juliette), Faust (La Damnation de Faust), Hamilcar (Salammbô), Guido Colonna (Monna Vanna), Harald (Gwendoline), Don Jacinthe (La Tour de feu), Cheyoub (Antar), Kurwenal (Tristan et Yseult), Wotan (La Walkyrie), le Hollandais (Der Fliegende Holländer), L’Etranger, Iokanaan (Salomé), etc. A l’Opéra de Paris, José Beckmans crée localement Karnak (Le Roi d’Ys), le Cardinal de Borromée (Palestrina), Bernard (Le Drac), Créon (Antigone), Peeer Gynt, etc. En 1951, il fonde La Compagnie Lyrique Française, avec laquelle il organise d’innombrables tournées, en France, mais également en Algérie et au Maroc, donnant ainsi la chance à de plus jeunes solistes de se produire à la scène. Il continue de chanter avec une voix absolument intacte et un sens inné de la scène (Grande-Bretagne, Pays-Bas, Italie, Suisse et à nouveau, Monte-Carlo.) Progressivement, il s’intéresse à la mise en scène : son sens inné du théâtre, associé à son instinct très sûr font de lui un excellent régisseur, respectant au plus haut point les chanteurs. A partir de 1955, le baryton est nommé directeur de la scène à la radio-télévision française, puis entre 1962 et 1979, il signe des spectacles en France et en Belgique (notamment au Théâtre Royal de Liège pour Rigoletto, 1964.) Quelques autres rôles interprétés par José Beckmans : le Sergent Max (Le Chalet), le Prince Kadour (Si j’étais Roi !), Holoferne (Israël retrouvé), Iago (Otello), Akimitch (Quand la cloche sonnera), Arrigo Di Leca (Schemo), Hérode (L’Enfance du Christ), Chorèbe (La Prise de Troie), Nourabad (Les Pêcheurs de perles), Ralph (La Jolie fille de Perth), Dormeuil (Les Voitures versées), Dieu Vishnou (La Légende de Rouk), Maître Pausanias (Une Education manquée), le Roi (Le Roi malgré lui), le rôle-titre de L’Etranger, Sulpice (La Fille du régiment), Koébi (Les Armaillis), Dirk (La Route d’éméraude), Moorik (La Fiancée de la mer), Lorenzo (Le Marchand de Venise), Guido Colonna (Monna Vanna), le Christ Satan (Les Béatitudes), Judas (La Passion, création au Théâtre du Capitole de Toulouse aux côtés du ténor ukrainien Joseph Rogatchewsky, qui dirigera la Monnaie entre 1953 et 1959), Plumkett (Martha), Vulcain (Philémon et Baucis), Charlot (Angélique), Don Jacinto (La Tour de feu), le Général Garrido (La Navarraise), Phanuel (Hérodiade), Des Grieux (Manon), le Prieur/Boniface (Le Jongleur de Notre-Dame), Joseph (Valses de Vienne), Maître André (Fortunio), etc. Sa collaboration avec la Monnaie est finalement réduite à quelques représentations, dont Frère Léon (pour la création de Saint François d’Assises, aux côtés du ténor et pédagogue belge Maurice Weynandts, 1927) et Amfortas (Parsifal, 1932.) Il chante également au Théâtre Royal d’Anvers et à Gand (1929-1930, 1945-1947.) Jusqu’à un âge avancé, José Beckmans est sollicité par un grand nombre de chanteurs, de metteurs en scène et même, c’est peu dire, par des directeurs de théâtre, désireux d’obtenir un avis, voire un conseil … Il est l’auteur d’une excellente autobiographie Prisonnier de son Art (Librairie Séguier, 1989.) Il laisse un beau legs discographique, mais qui ne rend que partiellement justice à la qualité de son timbre et surtout, à la puissance de son chant.
Photographie : Studio Lorette, Paris
Fonds musical Claude-Pascal Perna, Bruxelles®

 

Portrait ¾ de buste dans le rôle-titre de Rigoletto, IIème acte, sans date.
Photographie : Studio Lorette, Paris
Fonds musical Claude-Pascal Perna, Bruxelles®

 

Portrait ¾ de buste dans le Baron Scarpia (Tosca), 1931.
Photographie : D.R.
Fonds musical Claude-Pascal Perna, Bruxelles®

 

Portrait ¾ de buste dans Judas (La Passion), dédicacé au ténor Joseph Rogatchewsky (1891-1985), son partenaire de scène qui incarne Jésus, pour la création du drame lyrique en quatre actes d’Albert Dupuis au Théâtre du Capitole de Toulouse en 1949 : “A mon pieux camarade, Roga, ‘Jésus’, lui-même, en souvenir de la ‘Passion’ à Toulouse, le 10 avril 1949, J. B., de l’Opéra.”
Photographie : [PERRAUT]
Fonds musical Claude-Pascal Perna, Bruxelles®