ars

Marcel CLAUDEL, Ténor léger, puis lyrique, Metteur en scène belge (1900-1981)

Portrait de pied, de face dans Jean (Le Jongleur de Notre-Dame), sans date.
L’une des plus belles voix parmi les ténors de sa génération, il étudie avec la basse belge Edgard Druine, puis il achève ses études au Conservatoire Royal de Musique (Bruxelles) après un cursus académique passé auprès d’un légendaire triumvirat d’artistes belges : Désiré Demest, Ernest Van Dijck et Laurent Swolfs. Marcel Claudel débute au Théâtre Royal de la Monnaie, saison 1923-1924 pour y assurer quatre saisons (au terme de nombreuses saisons à l’étranger, il retrouve la Monnaie en 1937.) Tout au long de sa longue association avec ce théâtre, il chante un nombre important de rôles d’opéra et d’opéra comique, avec des incursions occasionnelles vers un registre plus léger : Antonin de Mourmelon (Ciboulette), Léopold (Valses de Vienne), Novotny (Chanson d’amour), Ange Pitou (La Fille de Madame Angot), le Prince Bacciocchi (Paganini), Alexis (La Chaste Suzanne), Lelio (Bonsoir, Monsieur Pantalon, Saint-Germain (Comtesse Maritza), le Diable (Angélique), Matalongo (Au soleil du Mexique), dont une partie est créée à la Monnaie. Son répertoire est extêmement diversifié : Pédrille (L’Enlèvement au Sérail), Bazile (Les Noces de Figaro), le Comte Almaviva (Le Barbier de Séville), David (Les Maîtres chanteurs), Jean (Hérodiade : un rôle peu adapté à ses moyens), Rodolphe Alfred (La Traviata, après avoir chanté le Vicomte de Létorières), Fenton (Falstaff), Wilhelm Meister, plus tard, Laerte (Mignon), Vincent (Mireille), Gérald (Lakmé), le rôle-titre de Mârouf, savetier du Caire, Jean (Le Jongleur de Notre-Dame, qui demeure l’un de ses meilleurs rôles), Rodolphe (La Bohème), Chouïski (Boris Godunov), le Doyen de la Faculté (Cendrillon), Andres-Cochenille-Franz-Pitichinaccio (Les Contes d’Hoffmann, quatuor de rôles dans lesquels il est irrésistible), Don Gaspare (La Favorite), Vasek (La Fiancée vendue : la voix parfaite pour ce rôle), Torquemada (L’Heure espagnole), etc. Peu de temps après son arrivée à la Monnaie, Corneil de Thoran et l’équipe directoriale de la Monnaie, conscients du fort potentiel du jeune ténor, lui confient une série de créations (Malatestino le borgne : Francesca da Rimini, le Fils du Pope (La Foire de Sorotchintzi), le Roi des Elfes (Un Songe de nuit d’été), la Théière, Arithmétique (le vieillard, un rôle de Trial), la Rainette (L’Enfant et les sortilèges), le Vieil homme (La Légende du Tsar Saltan et Gustave (Le Miracle de Saint-Antoine.) Sa musicalité sans faille et son jeu scénique contribuent à la réussite d’une caractérisation fouillée et élégante. Sa voix, claire, brillante et souple, n’est pas particulièrement puissante, mais elle est conduite avec une parfaite maîtrise et une aboutie science des nuances. Dans Jean (Le Jongleur de Notre-Dame), il faut attendre l’arrivée des ténors Charles Richard et Jean Marcor pour retrouver une interprétation d’un tel niveau artistique, alors que le Français Alain Vanzo, aujourd’hui encore, demeure une référence incontournable dans ce rôle. Fort de ses succès, Marcel Claudel chante en France (débuts à l’Opéra de Lyon, 1927), sur les principales scènes lyriques du pays et où il entame une longue association avec l’Opéra Comique (jusqu’en 1937), ajoutant une bonne dizaine de rôles à son répertoire, ne dédaignant pas l’opérette. Sa carrière le conduit également à Monte-Carlo, en Grande-Bretagne, en Tchécoslovaquie, en Suisse, en Tunisie, en Algérie, etc. Dès son retour à la Monnaie en 1937, Marcel Claudel poursuit une exemplaire collaboration avec ce théâtre, reprenant sa galerie de personnages, tout en créant de nouveaux rôles, évoluant au gré de ses moyens vocaux. Son retour à la Monnaie se couple désormais d’une autre fonction : celle de régisseur et Marcel Claudel se montre fort impliqué dans la révision de nombreuses mises en scènes, fonction qu’il prend très à cœur, tout en continuant à se produire en qualité de chanteur. Il maintient d’excellentes relations avec les artistes de la Monnaie, se montrant non seulement compétent, mais humain et toujours de judicieux conseil. Il paraît sur les principales scènes lyriques de Belgique. Au terme de son association avec la Monnaie (1957-1958), il est nommé à la tête du Palais des Beaux-Arts de Charleroi, tout en assurant la fonction de professeur d’art lyrique au Conservatoire Royal de Musique de Mons. Il laisse un précieux et exemplaire legs discographique.
Photographie : A. Melevez, Bruxelles
Fonds musical Claude-Pascal Perna, Bruxelles®

 

Portrait ¾ de buste, dans Jean (Le Jongleur de Notre-Dame), sans date.
Photographie : H. Vermeulen, Bruxelles
Fonds musical Claude-Pascal Perna, Bruxelles®